Mission Urologique de mars 2023

Cette nouvelle mission constitue la suite de celle qui nous a occupés il y a un an, par la formation des médecins sur place à la chirurgie endoscopique de la prostate. Elle a été complétée aussi par l’évaluation des besoins énergétiques de cet hôpital de brousse qui ne cesse de s’agrandir et dont l’équipement est aujourd’hui celui d’un petit hôpital chez nous…avide d’électricité !

La formation en urologie a été assumée par le professeur Thomas Gasser

et le Dr Patrick Maurer, de Bâle,

assistés localement par un des chirurgiens sur site, Daniel,

le chirurgien Balaam Nkunda que nous allons soutenir dans sa formation en urologie en Tanzanie (deux ans)

et une invitée, la Dresse Nabymania, qui travaille à l’hôpital universitaire de Mulago à Kampala. Cela favorisera la collaboration entre les hôpitaux. Un anesthésiste allemand, qui compte s’investir dans l’hôpital, a aussi participé au camp.

Il y a eu 64 consultations qui ont mené à 40 opérations :

  • Vingt-deux prostatectomies par voie transurétrale (TURP) ont été pratiquées avec et par les médecins locaux dans le cadre de leur apprentissage de la méthode. Deux patients ont dû été réopérés, l’un pour une rétention urinaire et le second pour une sténose uréthrale d’une ancienne intervention échouée. Ce dernier n’a pu être aidé et restera malheureusement tributaire d’une cystostomie à vie.
  • Deux prostatectomies radicales ont été pratiquées chez des patients à très grosse prostate, non traitable par voie transuréthrale. Les six patients connus pour un cancer de la prostate ont également subi une orchidectomie, la production de testostérone par les testicules étant un facteur aggravant du cancer. Aucun autre traitement n’est actuellement disponible sur place
  • 6 patients ont dû être opérés pour des sténoses de l’urèthre : un échec chez un jeune patient, opéré préalablement pour une importante fracture du bassin, motivera l’envoi à Kampala dans un centre spécialisé qui a l’équipement qui nous manquait sur place. Ce cas est similaire aux deux jeunes patients envoyés dans ce centre il y a un an. L’un d’eux est définitivement guéri ; le second est en voie de guérison après des interventions qui se sont avérées compliquées.

Ces jeunes gens sont pris en charge par Africomed.

4 enfants ont été opérés par l’équipe local (cryptorchidie, hernie inguinale et hypospadias).

Nous avons acheté une dose d’antimitotique pour un patient de 85 ans souffrant d’un cancer de la vessie.

Les deux urologues suisses ont apporté du matériel dont une optique (était cassée) et on offert une nouvelle génératrice.

Une acquisition particulière a été faite sous forme de 4 tableaux peints par un artiste du village : ces images feront partie d’un flyer à distribuer aux patients opérés de la prostate pour la compréhension des suites opératoires.

Il y a eu des interruptions de fonctionnement l’avant dernier jour en salle et en radiologie : stabilité de l’électricité en cause !

et ceci nous mène à l’autre but de cette mission !

Power Project :

Cela fait des années que le plus grand point faible de l’hôpital est l’instabilité de la fourniture en électricité, le réseau national étant non fiable : les nombreux dons en équipement nécessitant de l’électricité n’ont pas aidé, mais il n’y a pas d’autre moyen aujourd’hui pour assurer un développement hospitalier. Plusieurs projets ont été avancés sans réalisation en raison d’un manque de fonds. L’hôpital dépend depuis 2013 d’un micro-barrage construit par une firme allemande et complète le manque d’énergie à l’aide de deux générateurs.

Nous sommes partis avec un jeune ingénieur en génie électrique, Tyler Bacciarini, qui travaille pour un des fournisseurs d’énergie le plus important de Suisse (Primeo).

Il va aider un jeune de l’école d’ingénierie de Fribourg à soutenir son Masters sur le sujet de la façon de remédier au manque et à l’instabilité énergétique de l’hôpital communautaire de Bwindi.

Tyler a consacré une semaine à ce que nous appelons aujourd’hui le « Power Project » : Il a rencontré un ingénieur qui pourrait développer le barrage et les responsables de SolarNow qui proposent une solution à base de panneaux photovoltaïques. Il a fait des mesures de consommation et consulté les données à disposition (loin d’être toujours claires !)

Les deux projets sont sérieux et tiennent la route mais le budget est énorme.

  • $ 100’000.- pour l’extension et la réparation du barrage
  • $ 120’000.- pour l’installation solaire.

Il s’agit d’établir la priorité et de trouver les fonds : l’hôpital ne peut contribuer que d’env. $ 10’000 .-.

Ce projet est peut-être notre plus grand défi mais devient indispensable lorsqu’on est confronté aux pannes continuelles de l’appareillage utilisé sur place.

Autres actualités :

L’hôpital a reçu le don d’un nouvel appareil radiologique fixe et un portable, les deux digitalisés… Le grand avantage est de ne plus avoir recours à des films coûteux et à de la chimie pour le développement des images. Le désavantage est la fragilité de l’appareillage dans les conditions d’instabilité électrique et d’humidité élevée que nous connaissons.

L’appareil conventionnel que nous avons apporté il y a 10 ans maintenant est à nouveau en panne mais probablement réparable…il s’agit de le préserver autant que possible.

Heureusement, l’arc-en-C, permettant des opérations facilitées en salle fonctionne toujours.

En préparation du retour de Diana, qui termine sa formation, la construction d’une salle de physiothérapie sera terminée en mai.

et le Dr Asaph Owamukama , dont nous avons soutenu la formation en chirurgie orthopédique, revient aussi en mai pour assurer en sus le rôle de directeur de l’hôpital. En Ouganda, seul un médecin peut occuper ce poste !

Nos prochaines missions sont déjà agendées : Orthopédie du 31 septembre au 15 octobre et Urologie du 9 au 24 mars 2024.

FS avril 2023