Mission juin 2015

 

Cette mission s’est avéré l’inverse de la précédente où l’équipe était importante et où les chirurgiens croulaient sous une demande impossible à satisfaire….

Au total, six personnes, en comptant l’infirmière Jenny Farrer venue d’Angleterre, ont participé à une nouvelle aventure dont le but était l’enseignement. Nous avions accordé nos violons à la disponibilité de Gideon, en formation de chirurgie générale à Kampala.

Gideon a effectivement été gâté : Il y a eu un moment de panique lorsque l’on s’est rendu compte qu’il n’y avait que 5 opérations prévues sur la semaine, et un deuxième …après une annonce radio qui a fait venir les foules…Le programme a finalement été rééquilibré de façon à permettre à Gideon d’opérer avec l’assistance avisée de Thomas Witzig. L’élève a été comblé – il me l’a écrit- et le maitre a pu évaluer la valeur de l’opérateur. Encore une promesse et encore un investissement qui en valait la peine. Son avenir ?….on en reparlera.

En salle d’opération, Ralph Le Dinh a fait ses premières expériences avec l’équipe. Toujours là, l’infirmier-anesthésiste Donald se débrouille très bien tout seul.. , si bien, qu’il écoute poliment les conseils proposés mais n’en fait qu’à sa tête. Par contre, l’équipement sur place est maintenant adéquat et le désordre moins marqué : les stocks – du moins certains !- sont trouvés sur les étagères que nous avons fait faire lors de notre dernier passage…et ils sont étiquetés…et les étiquettes correspondent au contenu……..on vient de loin, mais il a du progrès !

Jenny s’est occupée des patients en « salle de réveil ». Là, le succès est mitigé car il s’agissait de leur apprendre cette tâche….il devient urgent de nommer un responsable (oui…oui…). Le cours qu’elle a donné sur les brûlures a été très fréquenté : les principales victimes sont les enfants trop proches des mamans qui cuisinent…encore au charbon ou feu de bois.

Et cette médecine ? Rémy Boscacci a accepté de se joindre à nous à condition d’être utile et d’avoir un but. Il faudrait rester quelques mois pour atteindre le but : les patients ambulatoires sont vus par des clinical officers, qui ont une formation médicale limitée…les patients hospitalisés sont suivis par deux médecins qui ont aussi à charge la consultation HIV – qui s’étend au-delà de l’hôpital- ainsi que la salle d’opération…et , dans l’attente du pédiatre prévu, sont aussi responsables des enfants. Hormis la visite des patients, Rémy s’est attelé à l’enseignement de la lecture de l’ECG avec un médecin particulièrement intéressé et a donné un cours de base à l’école d’infirmière. Il a pu aussi rediscuter la prise en charge de quelques cas dramatiques. C’est ainsi que le manque d’instruments de mesure de base au laboratoire (l’hématologie et la chimie) est devenu flagrant. L’hôpital a pu acquérir les fonds pour la machine d’hématologie et nous avons accepté de contribuer à l’achat de l’appareil de chimie, sous réserve que l’achat des solvants et la maintenance de la machine ne nous soit pas imputés. L’équipement du laboratoire étant la pierre angulaire de tout hôpital, nous espérons que cette contribution assurera significativement l’amélioration des soins aux patients.

Samuel Grenier s’est retrouvé face à notre machine de radiologie avec le défi de vérifier les éventuels défauts de connexions, cause probable de son non fonctionnement. Son rapport est maintenant transmis aux diverses personnes, en Ouganda et en Suisse, que nous essayons de convaincre d’une visite sur place. Cela fait bientôt 20 mois que cette installation attend d’être mise en route….combien de temps encore patienterons-nous avant d’abandonner ! Et l’appareil à développer automatique ne fonctionnait pas non plus…il a réussi à la remettre en route : pourvu que cela dure ! Trois infirmiers lui ont été confiés pour apprendre à faire des radiographies…un seul à retenir.

Sur place, j’ai donné des cours d’interprétation de radiographies, notamment en ce qui concerne le thorax et la pathologie ostéo-articulaire…pas évident : en raison d’une assistance non médicale (ou rare et aléatoire), le niveau a été nettement abaissé : Si les infirmiers présents – et qui apprennent à faire les radiographies- parviennent à reconnaitre une tumeur d’une pneumonie ou même un thorax normal…je serai heureuse !

Là où j’espère avoir apporté une contribution, c’est dans l’intervention qui a pu être réalisée grâce à notre consule honoraire à Kampala – Madame R. Koehler – auprès du Premier Ministre et du secrétaire permanent au ministère de la santé : en présence de l’administrateur de l’Hôpital, Canon Charles Byarugaba, nous avons répété les demandes formulées en novembre 2013. Nous avions rencontré alors le Ministre de la Santé, Dr R.Rukunda, devenu aujourd’hui le Premier Ministre.

  • En 2009, le gouvernement a reconnu l’Hôpital comme d’utilité publique, sous-entendant qu’il a droit à une subvention de 25 % de son budget…évidemment, qu’il n’a rien vu venir !
  • Le gouvernement subventionne un hôpital publique à quelques heures de là, avec 5 médecins au budget : comme personne ne veut y aller, aujourd’hui il n’y a qu’un seul médecin alors qu’à Bwindi, où les soins sont payants, il y a un et bientôt deux médecins (le gynécologue Julius et le chirurgien Gideon) qui sont de niveau supérieur mais n’ont pas…de patients ! Il s’agit de faire collaborer les deux hôpitaux et d’assurer non seulement un salaire meilleur mais aussi une patientèle à ces chirurgiens que nous avons sponsorisés.
  • Enfin, il n’est pas acceptable que nos conteneurs soient taxés pour tout ce qui n’est pas strictement médical…adjectif qui est soumis à interprétation ! Les personnes qui contribuent, par leurs dons, à la constitution et l’envoi de matériel destiné à l’hôpital n’ont pas à voir cet argent finir au ministère de l’intérieur !!!!!

Nos projets immédiats sont l’envoi d’un second – et peut-être dernier -conteneur : il contient du matériel médical mais aussi des lits pour bébés – offerts par l’Hôpital Cantonal de Fribourg en qui nous avons trouvé un partenaire très généreux -, des couvertures, des draps, du mobilier, des ordinateurs….qui profiteront aussi à l’école d’infirmière. Nous aimerions réaménager les salles d’opérations où le flux des patients et des personnes n’est pas idéal pour un travail dans de bonnes conditions. Nous continuons le sponsoring de Gideon en chirurgie à Kampala, de Andrew en ultrasonographie et de Lucy, toujours première de classe à l’école d’infirmière….et nous espérons que nos quelques interventions…là-haut…aident un tout petit peu à faire prendre conscience au gouvernement du rôle primordial de cet hôpital dans cette jungle perdue, aux confins du Rwanda et de la République du Congo…..

 

FS juin 2015