Mission Africomed 2014

Le 27 août 2014, neuf personnes embarquaient sur un vol Brussel Airlines…et le 29 août, quatre autres suivaient en transitant par Amsterdam, pour se retrouver en une très grande équipe à l’hôpital de Bwindi. Treize personnes dont 4 novices prêts à la découverte de cet endroit décrit comme si  différent, si merveilleux, si chaleureux, si frustrant, si irritant, et si motivant.

Chaque fois, même avertis, nous revivons les mêmes ambiguïtés, la même confrontation de deux mentalités diamétralement opposées avec comme différence majeure la notion du temps !!!!!

Ici, il ne sert à rien de porter une montre…cela ne marche jamais ! Ni les rendez-vous, ni le temps qu’il faut pour réaliser quelque chose, que ce soit une opération, un soin, une réparation….

Nous avions été avertis qu’il faudrait que les équipes dorment sur place pour réaliser les 150 opérations prévues! La publicité – faite par la radio- informant que l’équipe suisse  était de retour et que les opérations seraient gratuites a entraîné un essaim de pauvres indigènes, venant  de plus 70 km à la ronde, pour profiter de cette aubaine.

Impossible de faire comprendre aux gens sur place, que même une salle d’opération équipée à la suisse avec un personnel entraîné à la suisse…ne parviendrait jamais à satisfaire 150 personnes en 7 jours, d’autant plus que de nombreuses interventions s’avéreraient être lourdes. Les cas les plus difficiles ont été pris en charge durant notre séjour, soit 70 opérations. Les autres ont été confiés à l’équipe sur place qui les opérera après notre départ.

En effet, cette année, confrontés à l’immense pauvreté de cette population, Africomed a  décidé de dédommager financièrement l’hôpital afin que tous les patients sélectionnés lors de cette mission puissent être soignés gratuitement.

La grande innovation fut de pouvoir pratiquer des anesthésies générales simultanément dans les deux salles. Deux infirmiers anesthésistes locaux se sont avérés capables et ont facilité la tâche de nos deux médecins anesthésistes et de leur infirmière.

Pour la première fois, nous avons été accompagnés par un interniste, le Dr Boscacci, dont les capacités n’ont pas été suffisamment exploitées ce qui motive  la nécessité d’un retour mieux ciblé ! Les soins médicaux sont à la traîne. La consultation des patients est confiée à des infirmiers- médecins (clinical officers) qui n’ont aucun soutien de la part des médecins locaux pour lesquels, la chirurgie est sensée guérir de tous les maux ! Tout le monde se voit prescrire antalgiques et antibiotiques à tors et à travers…et cela doit faire l’affaire ! Il y a ici un travail énorme à accomplir !

Notre dentiste, réclamé à corps et à cris, s’est retrouvé seul avec une salle de consultations-traitements dans un état pitoyable. Il lui a fallu nettoyer le cabinet et réparer pas mal d’instruments, pour pouvoir accomplir un minimum de traitements autres que l’arrachage traditionnel des dents…..tout est à faire !

Et la radiologie dans tout ça : déprimant ! Nous avons vu arriver deux ingénieures qui ont passé l’équivalent d’une journée à essayer de faire marcher le tube et raccorder des fils… et, elles ont disparus avant que nous puissions communiquer avec elles. Plus de nouvelles depuis ! Heureusement que la vieille installation fonctionne encore et que l’appareil transportable amené en novembre dernier dans le conteneur permet  de réaliser des clichés, même au lit des patients.

Samuel Grenier, sans qui aucune réparation n’aurait été possible – tant en radiologie qu’en salle d’opération ! , a même réussi à remonter et rendre fonctionnelle une machine à développer malgré une pièce disparue! Chez nous, quelque chose manque, on va l’acheter…là- bas, quelque chose manque, c’est …foutu !

Et moi…j’ai passé mon temps à mettre de l’ordre ! Ils sont incapables de jeter le moindre objet, ce qui a été donné doit être conservé, et où jeter d’ailleurs?  La déchetterie la plus proche, notamment pour le matériel lourd, les instruments désuets ou cassés, semblerait se situer à Kampala, à plus de 500 km, soit de 10 à 15h de route de l’hôpital!

Eh bien, nous y retournerons…et donnerons une priorité encore plus grande à l’enseignement : rangement, instrumentation, soins, diagnostic…..

De plus ils demandent expressément aussi…un chirurgien-orthopédiste : la généralisation des boda-boda (motocyclettes employées comme taxi) entraîne des nombreux accidents de route, avec leurs lots de fractures souvent compliquées!

                                                                                FS septembre 2014